Concours de poésie

Isabelle Bois Cras – Concours de Poésie – Français, Gr III

Isabelle Bois Cras participe au Concours de Poésie du Festival 4 Arts, de Bois-Colombes, France. Nous lui souhaitons beaucoup de succès et la remercions!

Vous pouvez en savoir plus sur Isabelle sur son site Web: https://desmotsentrenous.com/

et son Facebook: https://www.facebook.com/desmotsentrenous/ .

Au Pont du doute 

Campé devant le Pont du doute, 
Il est temps de choisir sa route, 
Car pour chacun deux mondes existent : 
Celui d’avant, celui d’après.  
Alors, on hésite… 
Entre le derrière soi et ce que l’on ne sait pas ; 
La terra incognita. 
 
Au Pont du doute,  
On envisage l’autre côté. 
Pas en avant, pas en arrière, 
Circonvolutions au pied du pont, 
On oscille, on titube, 
Faire son choix, faire le bon ! 
 
Au Pont du doute,  
Faut-il donc traverser ? 
L’entamer d’un coup de tête, 
Et au mitan du pont, 
Dans sa partie bombée, 
Regarder derrière soi. 
 
Au Pont du doute,  
Âme versatile ! 
Sera-t-il Dieu possible 
De faire chemin inverse ? 
Ou passer coûte que coûte  
Et suivre la fausse route ? 
 
Au Pont du doute, 
Empoigne la rambarde 
Pour éviter de chuter, 
Et tire la meilleure carte, 
Celle de l’aventure,  
Et non celle des regrets. 
 
Au Pont du doute, 
Le cœur balance.  
Il faut goûter sa chance. 

Un jour peut-être, un jour viendra où je resterai là! 

Un pas sépare la lassitude du repos, 
Alors, se tarira la soif, 
La course à l'inconnu,  
L'appétit des espaces... 
Je réduirais le cercle, 
Décrocherai la grand-voile. 
 
Demeurer entre soi,  
Et se suffire enfin.  
Rester entre "pays",  
S'enfermer en confiance,  
Savourer qui est là, 
Admirer sous nos yeux, 
Et ne plus découvrir aucune nouvelle terre,  
Marcher un seul chemin pour l'apprendre par cœur. 
Ne garder qu'un seul livre, le parcourir à vie,  
N'écouter qu'une chanson pour la tourner en boucle, 
Et ne plus rencontrer aucune nouvelle âme,  
Cultiver les anciennes,  
Même celles qu'on n'aime pas, 
Au moins on sait pourquoi, 
On connaît les défauts,  
On n’est pas déçu,  
On n’est pas perdu. 
 
Si un jour on est las,  
On en reste là. 
Un jour peut-être un jour viendra 
Où je resterais là. 

Il y a des jours comme ça 

Il y a des jours comme ça où tu aimes le lundi,  
Même s’il est pluvieux, 
Même s’il annonce misère. 
Il y a des jours où tu aimes le quidam ordinaire, 
Même s’il est belliqueux, 
Il y a des jours où tu fais fi de l’adverse. 
Il y a des jours comme ça où tu trouves le pain bon alors qu’il a trois jours, 
Des jours où tu trouves le beurre doux qui toutefois est rance.  
Des jours où tu souris en foulant le bitume, 
Des jours où tu marches sans chaîne, 
Même si hier encore tu suintais l’amertume, 
Tu ruminais ta haine… 
Des jours de spleen absolu que tu envoles d’un battement d’ailes, 
Des jours où seul te portele vent d’automne, où seule compte l’éclosion des lilas, 
Des jours où la lumière pâle se multicolore en vitrail, 
Des jours feutrés, 
Des jours de miel, 
Des jours d’illuminations, 
Des jours d’amour,  
Des jours de peau, 
Des jours d’échines courbées exaltées en ferveur, 
Des jours de poitrails vainqueurs ! 
Il y a des jours comme ça… 

Que c’est bon de vieillir ! 

J'ai eu vingt ans, j'ai eu trente ans, 
Et puis tous les suivants, 
J'ai adoré le temps, 
Mon meilleur ami finalement.
C'est un cadeau précieux, 
Un moment délicieux,
Qui s'étale en longueur,
Qui abolit les peurs.
Car en devenant vieux, 
On entasse des bonheurs, 
Et parfois des rancœurs, 
Mais, la mémoire choisit, 
Elle oublie et elle trie 
Pour garder le meilleur. 
Terminé le « devoir »,  
Voici l’état de « droit ». 
Avoir tout ce passé, 
Enfin s’en délecter ! 
C’est alors le moment 
De reprendre les combats  
Abandonnés jadis ! 
Il n’est jamais trop tard ! 
Même si le corps patine, 
Qu’importe ! La vue baisse,  
Les rides disparaissent,  
On ne lit plus son poids. 
Les couleurs criardes tendent vers le pastel,  
Les sons insupportables s’évaporent dans le ciel. 
D’aucuns vont s’agiter,  
Et nous nous reposer. 
S’abandonner enfin, 
Se laisser endormir, 
Sauf que c’est juste pour rire. 
Que c’est bon de vieillir ;  
C’est la meilleure façon de ne pas mourir.